~jpetazzo/Mésinformation sélective: brief.me et le nucléaire

Je suis abonné à une newsletter qui synthétise l’information quotidienne. Je la pensais objective, mais depuis quelques temps, j’ai des doutes. Je les partage pour créer une conversation.

Cela fait quelques années que je suis abonné à brief.me. Le principe est simple: chaque jour, on reçoit par email une synthèse de l’information, sur quasiment tous les sujets.

L’équipe éditoriale semble faire un effort significatif pour rester neutre et présenter une diversité de points de vue, sans porter de jugement. Je serais incapable de l’associer à un quelconque bord politique. Il y a parfois des prises de positions plus tranchées sur certains sujets, mais dans une rubrique intitulée « C’est leur avis », qui donne la parole à un expert identifié clairement. Bref, le style, la fréquence, la durée de brief.me me convient parfaitement pour savoir ce qui se passe en France alors que je n’y vis plus. (Et pour préciser mon propos : je pense que ça convient aussi très bien à des gens qui vivent en France et veulent un bon survol de l’information, quitte à aller approfondir certains sujets ensuite. Je ne suis pas en train de dire que c’est « léger », loin de là.)

En ce qui concerne la majorité des sujets traités par brief.me, je ne me considère pas compétent. Sauf si ça parle de nouvelles technologies, ou éventuellement de certains domaines scientifiques auxquels je m’intéresse suffisamment pour effectuer des recherches personnelles régulières ; mais c’est anecdotique. Donc je leur fais globalement confiance.

Récemment, plusieurs articles ont remis en question cette confiance. Ces articles traitaient de l’énergie nucléaire en France. C’est un sujet auquel je m’intéresse depuis un moment, dans le contexte de la lutte contre le réchauffement climatique.

Astrid et les déchets nucléaires

Dans son édition du 12 septembre 2019, brief.me parle du « surcoût caché des déchets nucléaires », reprenant un rapport de Greenpeace. Cela tombe quelques semaines après l’arrêt du projet de réacteur Astrid, un prototype de réacteur à neutrons rapides. Les réacteurs à neutrons rapides sont plus difficiles à mettre au point (il y en a donc très peu en service aujourd’hui). En revanche, ils permettent de recycler le combustible nucléaire plusieurs fois, voire dans certains cas de « brûler » certains déchets nucléaires.

(Pour plus d’information sur le sujet, je vous recommande ou bien cet excellent article sur la filière sodium, ou encore cet article sur le retraitement du plutonium et des actinides mineurs qui se base sur le réacteur BN-800 russe.)

Je suis surpris de voir un encart sur le coût des déchets, sans mentionner que l’État vient d’arrêter un projet de recherche qui aurait justement pu permettre de … réduire ces déchets.

J’ai contacté la rédaction de brief.me pour en savoir plus :

J’ai été surpris de voir la brève sur l’article de Greenpeace sur les déchets nucléaires, sans la mettre en perspective avec l’arrêt du projet ASTRID, qui avait pour but de réduire ces mêmes déchets nucléaires, et auquel Greenpeace s’opposait, justement.

En général, je m’attends à une analyse assez neutre de votre part, et citer une organisation anti-nucléaire comme Greenpeace ne me paraît pas si neutre que ça lorsqu’il n’y a pas de contre-point.

J’ai eu droit à une réponse détaillée :

Merci pour votre message ! Nous aurions pu mettre l’information que nous avons traitée sur Greenpeace en perspective avec l’arrêt du projet Astrid si nous avions abordé le sujet dans un “Tout s’explique”, avec davantage de place, car il aurait fallu en effet dire que Greenpeace s’était opposé au projet mais pas parce qu’il promettait de réduire les déchets nucléaires. L’ONG s’y opposait en raison de l’usage de plutonium. C’est un débat intéressant, mais qui nécessite un développement entier. Or, notre “Ça alors” portait sur ce qui doit être considéré comme des déchets nucléaires et ce qui peut être réutilisé. Greenpeace étant une association militante, nous avons pris ses déclarations avec recul et avons veillé à vérifier si ses propos étaient fondés. Nous nous sommes appuyés sur la Cour des comptes, qui n’est pas un organisme militant. Comme elle soulevait des points allant dans le même sens que Greenpeace, nous avons cherché à avoir un contrepoint de la part d’EDF. Nous avons appelé l’entreprise. Elle nous a demandé d’envoyer un e-mail, mais n’a finalement pas répondu. Nous avons néanmoins recherché ses réponses à la Cour des comptes et ses déclarations à l’AFP. Elles ne sont pas d’une limpidité absolue pour le grand public, mais nous avons veillé à rapporter le fait qu’EDF déclare avoir la situation en mains.

Cela m’a rassuré de constater qu’il y avait eu vérification d’information, même si cela passe à côté d’un détail important : Astrid permettait justement de réduire les stocks de Plutonium, et devrait donc être salué par les gens qui s’inquiètent des risques de prolifération liés au nucléaire. Mais j’admets que tout ça peut être un peu technique.

Dossier sur le nucléaire en France

Le 29 février 2020, brief.me fait un dossier sur le nucléaire en France. Le dossier parle de la construction des premières centrales dans les années 1960, des divers mouvements de contestation (lors de la construction de Fessenhein, puis autour du centre d’enfouissement des déchets) ; il parle aussi de l’abandon du nucléaire par divers pays suite aux accidents de Three Mile Island, Tchernobyl, et Fukushima.

Il y a juste un léger hic : dans ce dossier, on ne trouve pas une seule fois les mots carbone ou CO2 et encore moins réchauffement climatique. C’est gênant, car l’énergie nucléaire est aujourd’hui la seule solution dont on dispose pour réduire le bilan carbone de la production électrique, et donc lutter contre le réchauffement climatique.

(Attention, je ne dis pas que le nucléaire est la seule solution pour lutter contre le réchauffement climiatique ; mais que c’est la seule solution dont on dispose aujourd’hui pour décarboner la production électrique. La production électrique ne représente qu’une partie de notre consommation d’énergie et de nos émissions de CO2.)

Faisons quelques parenthèse techniques (mais que j’espère facilement compréhensibles) pour expliquer tout ça.

Le nucléaire et le carbone

« Si on produisait notre électricité avec exclusivement de l’énergie solaire, éolienne, ou hydroélectrique, elle ne produirait pas (ou très peu) de CO2 ! » Malheureusement, ce n’est pas possible.

L’énergie hydroélectrique nécessite d’avoir un relief adéquat, permettant la construction de barrages, par exemple. C’est le cas de la Norvège, qui produit 95% de son électricité de cette manière. En revanche, dans des pays comme la France ou l’Allemagne, on a déjà installé des barrages et centrales à peu près partout là où on pouvait. On est au max !

Les énergies solaire et éolienne sont des énergies intermittentes. Quand il n’y a pas de vent la nuit, elles ne produisent rien. Il faut donc construire beaucoup plus de panneaux solaires et d’éoliennes (ça, c’est faisable) et pouvoir stocker l’énergie (ça, on ne sait pas encore le faire à une échelle suffisante). Pour l’instant, le seul système de stockage d’énergie à grande échelle qu’on sache construire, c’est les centrales de pompage-turbinage ou STEP (Station de transfert d’énergie par pompage). Une STEP, c’est une centrale qui se trouve à côté d’un grand réservoir d’eau situé en hauteur. (Pour préciser les ordres de grandeur : on ne parle pas d’une piscine sur pilotis, mais plutôt d’un lac en haut d’une montagne.) Quand il y a de l’électricité en rab’, la station pompe de l’eau vers le haut. Puis, quand on a besoin de restituer l’électricité, on fait redescendre l’eau, qui fait alors tourner des turbines. Là aussi, on est limité par le terrain (en gros, il faut pouvoir installer une gigantesque piscine, de la taille d’un lac, le plus haut possible). Et là aussi, on est (presque) au max : on en a installé quasiment partout là où on pouvait.

Si vous n’êtes pas convaincu·e par ce discours, je vous invite à consulter electricity map, un site qui montre en temps réel le bilan carbone de la production électrique pays par pays. On voit que les champions sont :

Quant à l’Allemagne, qui a enterpris une ambitieuse transition énergétique (la fameuse Energiewende), elle est dans le milieu du peloton, en dépit d’investissements considérables. À partir de 2010, l’Allemagne a dépensé plus de 100 milliards d’euros par an pour l’Energiewende. Ce montant est en augmentation constante. Le coût de l’Energiewende atteint plus de 200 milliards en 2020. La moitié correspondant à des subventions pour la production d’énergie éolienne.

(Pour clarifier : cet argent ne sert pas à faire des recherches pour améliorer les éoliennes ou le stockage électrique, ni même à construire des éoliennes, mais à rémunérer les investisseurs qui financent la construction d’éoliennes.)

Tout ça pour une électricité qui génère 10 fois plus de CO2 que l’électricité française. Pourquoi ? Parce que quand l’éolien et le solaire ne produisent pas, il faut faire tourner des centrales thermiques qui fonctionnent aux énergies fossiles. En France, au plus fort de l’hiver, on complète avec 10% d’énergies fossiles, surtout du gaz. En Allemagne, un tiers de l’électricité vient de centrales au charbon, dont le bilan carbone est catastrophique. Ce tiers suffit à gâcher tout ce que le solaire et l’éolien permet de gagner de l’autre côté.

(Pour se faire une idée, pour produire 1 kWh d’électricité, une centrale au charbon émet une quantité de CO2 de 1000g, une centrale nucléaire 6g seulement. Ces chiffres prennent en compte les émissions indirectes : extraction et retraitement du combustible nucléaire, par exemple.)

Une fois qu’on sait ça, on peut bien sûr avoir son avis pour ou contre le nucléaire, mais dans un dossier sur le nucléaire, ne pas parler de l’aspect décarboné de cette énergie, cela me paraît totalement malhonnête.

Qu’en pense brief.me ?

Voici ce que j’ai envoyé à brief.me à l’époque :

J’ai été surpris par votre dossier sur le nucléaire en France. Je l’ai trouvé “subtilement anti-nucléaire”. Je m’explique :

  • juxtaposer la durée de vie la plus longue (en milliers d’années), et le volume total de déchets (en millions de m3), laisse penser qu’il y a un important volume de déchets a longue durée de vie (alors qu’ils ne représentent qu’une toute petite partie du volume total),
  • inclure une citation anti-nucléaire sans présenter de point de vue alternatif,
  • mentionner les pays qui sortent du nucléaire semble impliquer que ça va dans le sens des choses,
  • passer complètement sous silence l’aspect décarboné de cette énergie semble bizarre dans le contexte actuel de réchauffement climatique.

Je dis “subtilement anti-nucléaire” dans la mesure où ce n’est pas flagrant, et quand on ne connait pas ce sujet, votre dossier peut paraître impartial.

Voici la réponse que j’ai eue :

C’est toujours compliqué de rendre un sujet accessible au plus grand nombre, tout en le synthétisant. Nous ne pensons pas avoir manqué de neutralité toutefois, mais nous sommes d’accord avec vous sur le fait que nous aurions au moins pu rappeler par une phrase que l’énergie nucléaire est l’une des énergies qui émet le taux le plus faible de CO2, même si l’enjeu de l’article ne portait pas sur l’impact du nucléaire sur le réchauffement climatique. Concernant les déchets, nous mentionnons bien que seulement “certains mettent plusieurs centaines de milliers d’années à perdre leur radioactivité”, alors que le reste des chiffres porte sur l’ensemble des déchets produits. À chacun d’interpréter ensuite ce que signifie la sortie de l’énergie nucléaire de plusieurs pays : bon sens, mauvais sens ? Quoi qu’il en soit, ces décisions se sont multipliées dernièrement, principalement en raison des accidents nucléaires.

Je n’ai pas été convaincu, et c’est à ce moment que j’ai commencé à penser à écrire cet article.

Bis repetita

Dans son édition du 4 juillet 2020, brief.me parle du démantèlement des centrales nucléaires. Et encore une fois, on parle du coût (très élevé), du temps que ça prend (très long), de la catastrophe de Fukushima … et pas un mot sur le carbone.

Pas un mot non plus sur le fait que le coût de démantèlement est totalement pris en charge par EDF. Si ça coûte 1 ou 10 milliards de plus, c’est EDF qui paie la note. Vous allez vous dire, « oui, mais EDF va répercuter ça sur le prix de l’électricité ! »

Tout d’abord, EDF est contraint de constituer des réserves financières considérables pour ce démantèlement. Ces réserves sont souvent remises en question avec des arguments parfois techniques (si on se rend compte que le démantèlement sera plus complexe que prévu), parfois financiers (car ces réserves prennent en compte l’inflation et les taux d’intérêts, qui peuvent changer de manière significative sur l’échelle de temps qui nous intéresse).

Ensuite, le coût de l’électricité en France est plutôt bas. 20% plus bas que la moyenne européenne, presque deux fois moins cher qu’en Allemagne. Allez, un petit calcul sur un coin de table : en 2017, la consommation électrique en France était de 474 TWh. Cela fait 474 milliards de kWh. Le kWh pour les particuliers est actuellement à environ 17 centimes (30 centimes pour l’Allemagne). Si on augmente le prix du kWh de 1 centime (passant donc à 18 centimes le kWh), on débloque 4,7 milliards d’Euros par an. Autant dire qu’on a de la marge.

Le cas de Fessenheim

Puisqu’on parle du démantèlement, parlons des circonstances de l’arrêt de la centrale de Fessenheim. Il y a deux lectures possibles :

Il se trouve qu’une centrale nucléaire n’a pas d’âge limite. Quand on la construit, on s’assure qu’elle pourra fonctionner au moins pendant un certain temps, et un temps le plus long possible, car ce genre de centrale représente des investissements considérables, mais a ensuite un coût de fonctionnement très faible. Un peu comme si on achetait une voiture très chère, mais qui ne consomme ensuite presque rien. On veut s’assurer qu’elle ne tombera pas en panne tout de suite. Les ingénieurs qui ont conçu les réacteurs de Fessenheim ont fait leurs calculs pour qu’ils durent au moins 40 ans. Au moins. Lors de la construction de la centrale, on ne savait pas comment se comporteraient certaines pièces dans la durée, donc on a pris des marges de sécurité considérables à tous les niveaux. Surtout pour la cuve du réacteur, car c’est un élément important pour la sécurité, et c’est un des seuls éléments qu’on ne peut pas changer (sauf en reconstruisant complètement le réacteur). Puis, tous les 10 ans, on fait la « visite décennale », une sorte de contrôle technique très poussé, pour voir où on en est. Il se trouve que sur quasiment tous les réacteurs, on se rend compte que l’usure de cette fameuse cuve est moindre que prévue. Et puis on trouve des techniques pour l’user moins, par exemple en plaçant différemment le combustible nucléaire, de manière à minimiser l’irradiation de cette cuve. Et du coup, cela permet de voir que la centrale peut en fait durer 50, 60 ans, voire plus ; tout en restant aussi sûre (voire davantage, car les normes évoluent) qu’à sa conception.

Si vous voulez en savoir plus sur ce sujet, je vous recommande cet excellent article sur la durée de vie des centrales nucléaires qui aborde à la fois les questions techniques et réglementaires.

Il se passe la même chose avec, par exemple, certaines missions spatiales de la NASA. La mission Cassini (qui devait explorer Saturne, ses lunes, et ses anneaux) devait durer de 2004 à 2008, et a été étendue jusqu’en … 2017. Les rovers Spirit et Opportunity sont arrivés sur Mars en 2004, pour une mission qui devait durer trois mois. Ils ont continuer à fonctionner pendant respectivement 5 et 14 ans. Quant à Curiosity, arrivé sur Mars en 2012, sa mission devait durer deux ans. Huit ans plus tard, il y est encore et est pleinement opérationnel. Tout ça parce que les matériaux et composants ont tenu mieux que prévu, ou bien parce qu’on ne savait pas exactement ce qu’il fallait, donc on a compté large. Une fois sur place, on se rend compte que cette marge va permettre de faire durer la mission plus longtemps.

(Et pour la petite histoire, comme les rovers Spirit et Opportunity ont eu plusieurs problèmes à cause de la poussière qui se déposait sur leurs panneaux solaires, il a été décidé d’équiper Curiosity d’un RTG, un générateur électrique nucléaire.)

La sûreté nucléaire

« D’accord, mais là on parle d’une centrale nucléaire. En cas de catastrophe, les conséquences sont plus graves qu’en cas de défaillance d’une mission spatiale sur Mars ou Saturne ! »

Il se trouve que même en comptant la catastrophe de Tchernobyl, l’énergie nucléaire est l’une des plus sûres au monde. Selon qui fait les calculs (et comment), elle est à peu près aussi sûre (ou un peu plus, un peu moins) que l’énergie solaire ou éolienne.

« Comment ?!? »

C’est bête, mais poser et entretenir des panneaux solaires et des éoliennes, c’est dangereux. Il y a régulièrement des intervenant·e·s qui tombent d’un toit (pour le solaire) ou d’une éolienne. Et une éolienne, c’est haut.

Et puis, une éolienne ou un panneau solaire, ça ne produit pas grand-chose. Il faut donc en installer beaucoup. Il faut donc une quantité de main-d’œuvre considérable, et prendre beaucoup de risques (au regard de l’énergie produite).

Entendons-nous bien : je ne suis pas en train de dire qu’il faut remplacer des panneaux solaires et des éoliennes par des centrales nucléaires. Je suis en train de dire que ces sources d’énergie sont comparables niveau danger.

Au charbon !

En fait, si on a peur des centrales, il vaudrait mieux se battre contre les centrales au charbon.

Commençons par l’impact direct du charbon : maladies respiratoires, cancers … On estime que la pollution des centrales au charbon provoque chaque année plus de 10 000 morts prématurées en Europe.

Les centrales au charbon allemandes provoquent environ 500 morts par an en France.

Pendant que la France ferme la centrale de Fessenheim, l’Allemagne continue d’ouvrir des centrales au charbon, comme celle de Datteln 4 en mai 2020.

Conclusion : la fermeture de la centrale de Fessenheim va coûter des vies humaines. C’est un fait avéré.

(Petite clarification : Datteln 4 n’a pas été construite spécifiquement pour remplacer Fessenheim. Elle aurait certainement été ouverte quand même. En revanche, Fessenheim exportait une part significative de sa production vers l’Allemagne. Pour remplacer cette production, l’Allemagne va devoir solliciter davantage ses centrales au charbon.)

Et puis outre la pollution atmosphérique, il y a le réchauffement climatique. Enrayer le réchauffement climatique va demander des efforts considérables, à tous les niveaux. Comme évoqué plus haut, en dépit de dépenses pharaoniques, l’Allemagne obtient (au niveau de la production électrique) des résultats très médiocres, à cause de ce recours au charbon.

Si vous lisez ces lignes et avez moins de 40 ans, il est à peu près certain que de votre vivant, le réchauffement climatique va provoquer des transformations planétaires profondes, beaucoup plus graves que Tchernobyl, Fukushima, ou (dans un autre domaine) COVID-19 et la crise économique associée. C’est dit.

Belote, rebelote, et dix de der

Dans l’édition du 8 juillet 2020, brief.me parle de l’action climatique de la France jugée insuffisante. En parlant de pas mal de choses, mais sans prononcer « nucléaire » une seule fois.

Finalement, dans son panorama « Faire face au réchauffement » du 17 juillet, brief.me parle du réchauffement climatique et de ses conséquences … et arrive encore une fois à ne pas parler de l’énergie nucléaire.

Je me suis demandé si j’avais une vue biaisée de la situation. J’ai fait un petit sondage sur Twitter pour demander ce que les gens en pensaient. Ça vaut ce que ça vaut, mais sur la centaine de personnes ayant répondu, les deux tiers pensent que parler de nucléaire en France sans mentionner le bilan carbone, c’est délivrer une information partiale. Je ne suis donc pas le seul à y penser !

La rédaction de brief.me (ou les journalistes qui ont travaillé sur ces articles et dossiers) est-elle anti-nucléaire ? Considère-t-elle que ce sont deux sujets totalement indépendants, déconnectés ? Peut-être craint-elle de faire le lien entre les deux et d’être critiquée ? Je l’ignore. En tout cas, de mon point de vue, ce traitement de l’information contribue à entretenir une défiance vis-à-vis de l’énergie nucléaire en France, à un moment où il s’agit d’une des pistes nécessaires (mais clairement pas suffisantes) dans cet enjeu titanesque qu’est la lutte contre le réchauffement climatique. Et si brief.me n’est pas capable (ou ne souhaite pas) relier les points sur ce sujet, je ne leur fais pas confiance pour être capables de le faire sur d’autres thèmes (sur lesquels je n’aurai peut-être pas le même recul pour me rendre compte que je lis une information biaisée).

Merci à Tristan Kamin pour ses commentaires sur certaines parties techniques. Toutes les erreurs et imprécisions restantes sont les miennes.

This work by Jérôme Petazzoni is licensed under a Creative Commons Attribution-NonCommercial-ShareAlike 4.0 International License.